Et si l’oisiveté était réhabilitée…

A l’heure de la productivité, du culte de l’hypercroissance, de la consommation et de l’hyperconnectivité, l’oisiveté au-delà d’un luxe ne serait-elle pas aujourd’hui une nécessité ?

Petit billet librement inspiré de l’émission « Grand bien vous fasse ! » sur France Inter vendredi dernier.

De l’art de prendre du recul

Qui dit oisiveté ne dit ni paresse ou ni fainéantise… Mais plutôt une certaine façon de  prendre du temps pour réfléchir, se reconnecter au monde et à la nature pour prendre du recul et développer une réelle introspection. Dans son sens littéral, l’oisiveté est très éloignée de cette  « mère de tous les vices » vilipendée par de nombreuses maximes et les défenseurs des vertus du travail. Thomas Hobbes en fait d’ailleurs, en 1651 dans le Leviathan, « la mère de la philosophie« . En effet, pour pouvoir philosopher, réfléchir par soi-même (et non simplement consommer de l’information) encore faut-il en avoir – en prendre – le temps. 

Un homme en haut d'une montagne contemple l'ohrizon

En évitant toute culpabilité !

Le culte du travail comme unique élément de réalisation de soi et norme sociale renvoie souvent l’oisiveté au rang de défaut impardonnable, voire de péché. Les tenants de ce courant, dominant il faut bien le dire, n’ont-ils jamais lu Robert Louis Stevenson qui, dans son Apologie des oisifs, expliquait : « L’oisiveté ne consiste pas à ne rien faire, mais à faire beaucoup de ce qui n’est pas reconnu dans les formulaires dogmatiques de la classe dirigeante ». Être oisif, c’est prendre le temps de faire des choses jugées non productives. Flâner, lire, écouter ou jouer de la musique, rêver… Des activités qui ne produisent pas de PIB, mais qui permettent de se reconnecter à l’existence, en temps réel, sans filtre, ni pression.

Accepter de se retrouver seul face à soi-même

Être oisif implique de se retrouver seul face à soi-même, de s’interroger sur nos choix, nos vies, de nous remettre en cause et de devoir nous apporter nous-mêmes des réponses. Une introspection devenue rare dans notre société contemporaine et qui génère, chez certains, une angoisse profonde. On ne sait plus s’ennuyer, voire même on ne le supporte plus. Il faut être occupé, dans l’action, dans la consommation, dans la production ! Et lorsque l’on n’a rien de particulier à faire, les écrans, celui du smartphone ou de l’ordinateur, occupent la place laissée vacante et fonctionnent en continu. Être actif en permanence évite de trop penser.

Je me compte parmi ces adeptes de l’hyperactivité, en tout cas jusqu’à une prise de conscience salutaire il y a quelques années.  Depuis, je me soigne 🙂 et prends le temps de prendre mon temps, de me reconnecter. De voler (oups là encore de la culpabilité) 3 jours pour marcher seule et me recentrer. De faire des breaks au cours de la journée pour fermer les yeux, lire ou bien écrire. De marcher pour me rendre à mes rendez-vous au lieu de prendre la voiture ou les transports en commun. MELT, je l’ai pensée, façonnée et ancrée en randonnant en solitaire et en laissant mon esprit vagabonder sur les sentiers du Vercors.

Autant vous dire, si vous ne l’aviez pas compris, que pour moi l’oisiveté est mère de toutes les expériences, de toutes les possibilités!

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